Des rivières dans le ciel ?

Les rivières atmosphériques sont décrites dans le glossaire de météorologie de l’American Meteorological Society, comme des flux atmosphériques de forme filamentaire, transportant d’intenses quantités de vapeur d’eau, généralement associés à un jet de basse altitude à l’avant du front froid d’une dépression extratropicale. Ces flux sont aussi associés à l’ascendance d’importantes masses d’air chaud et humide issues des basses couches du secteur chaud de la dépression et s’élevant rapidement jusqu’à la troposphère supérieure lors de leur déplacement vers le pôle. Ces événements sont peu fréquents et se produisent entre deux et dix fois par an dans une région donnée de l’Antarctique.

Pourtant les rivières atlosphériques représentent :

  • elles représentent environ 90 % du transport méridien de vapeur d’eau, alors qu’elles ne couvrent que 10 % environ de la surface ; quatre ou cinq rivières atmosphériques dans chaque hémisphère peuvent ainsi suffire pour transporter la majorité des flux méridiens sur le globe
  • 70 % des événements précipitants les plus intenses – dans le cas présent, les précipitations dépassant le 99e centile – ont lieu pendant des rivières atmosphériques. Les cumuls de précipitations associés représentent jusqu’à 20 % des précipitations annuelles dans les régions concernées, notamment en Antarctique de l’Est
  • la majorité des événements de fonte estivale sur l’Antarctique de l’Ouest et la plateforme glaciaire de Ross, dont les événements les plus intenses
  • la cause de la grande majorité des extrêmes de température et de précipitations sur la péninsule Antarctique, dont le record absolu de température pour l’ensemble du continent Antarctique (18,3°C), établi à la station d’Esperanza le 6 février 2020.
  • les rivières atmosphériques les plus intenses provoquent une série d’impacts (résumés dans la figure 1) tels que les extrêmes de température, de fonte et de ruissellement de surface, la désintégration de la glace de mer et génération de houle intense ; tous ces processus étant connus pour déstabiliser les plateformes de glace.

Les rivières atmosphériques jouent donc un rôle positif et négatif sur le bilan de masse de surface du continent. Aujourd’hui, les effets positifs (augmentation des précipitations) l’emportent sur les négatifs (fonte et ruissellement de surface), mais nous ne savons pas comment évolueront ces impacts respectifs à la fin du XXIe siècle. Pour répondre à cette question, il est indispensable de comprendre les processus physiques à l’origine des rivières atmosphériques. Il faut aussi vérifier que les modèles de climat sont capables de les reproduire correctement pour le climat actuel, avant d’analyser leurs évolutions d’ici à la fin du siècle. C’est l’un des principaux objectifs du projet ARCA

Mis à jour le 1er juillet 2022